Œdème de Quincke : définition, causes et traitements d’un symptôme pouvant être fatal

Les œdèmes sont des gonflements de la peau ou des organes pouvant se déclarer de manière locale (zones du corps) ou globale (ensemble du corps). Le plus souvent, ce sont des symptômes pathologiques relatifs à des réactions allergiques. On parle alors d’œdème de Quincke.

Qu’est-ce que l’œdème de Quincke ?

L’œdème de Quincke est une réaction de l’organisme faisant suite à l’agression d’agents allergènes (qui rendent allergique). Il se traduit par un gonflement des tissus cellulaires au niveau du visage et des voies respiratoires. Généralement, il se développe au niveau du pharynx, mais peut aussi toucher les lèvres, la langue ou les paupières.

Dans de très rares cas (1 sur 100 000), l’œdème n’est pas allergique (1). On parle alors d’œdème angioneurotique pour décrire une maladie souvent héréditaire liée à l’insuffisance de l’inhibiteur C1 dans l’organisme. Le C1-inhibateur est une protéine impliquée dans l’élimination des pathogènes. Elle régule aussi l’activité de l’organisme afin d’éviter des réactions auto-immunes (maladies provoquées par les propres composants de l’organisme).

Pourquoi développe-t-on un œdème de Quincke ?

Lorsque l’organisme est agressé par un allergène, il libère une substance chimique appelée histamine. L’histamine est un aminé produit par l’organisme et fourni par l’alimentation. Sa fonction principale est d’assurer l’élimination de substances étrangères. Pour cela, il se fixe sur différents récepteurs présents dans l’organisme en fonction des agents nocifs à combattre. Il existe quatre récepteurs dont la localisation et les fonctions varient.

 RÉCEPTEUR LOCALISATION FONCTION PRINCIPALE
H1 Couche interne des vaisseaux sanguins, en contact direct avec le sang (endothélium) Dilater les vaisseaux sanguins (vasodilatation)
Muscles des parois des organes creux (muscles lisses) Contracter les muscles
Système nerveux central Maintenir éveiller
H2 Parois de l’estomac Réguler la libération de l’acide gastrique (de l’estomac)
H3 Synapse des neurones centraux  (organe structure spécialisé dans la transmission d’informations)  Inhiber la libération des neurotransmetteurs (composés chimiques libérés par les neurones et agissant sur d’autres neurones)
H4 Cellules hématopoïétiques (à l’origine de la production des cellules sanguines)  Favoriser le mouvement de certaines cellules en fonction d’espèces chimiques présentes dans l’organisme (chimiotaxie)

Lors d’une réaction allergique, l’histamine va se fixer sur les récepteurs H1 et H2. Il en résulte alors une dilatation des vaisseaux sanguins qui s’accompagne de contractions musculaires. Les tissus gonflent jusqu’à bloquer les voies respiratoires. L’œdème de Quincke constitue alors un véritable danger engageant le pronostic vital. Il peut provoquer des arrêts respiratoires ou des chocs anaphylactiques, lorsque la circulation sanguine est arrêtée de manière brutale. Ces effets peuvent survenir de manière progressive. Les médecins ont recensé 4 phases d’évolution en fonction des symptômes observés.

  • Phase 1 : la maladie se caractérise par des signes généraux tels que du prurit, de l’urticaire, et des gonflements. Ces symptômes sont souvent locaux.
  • Phase 2 : les symptômes s’étendent progressivement à l’ensemble du corps. D’autres se développent : hypotension (tension faible), tachycardie, troubles respiratoires bénins (toux, difficulté ventilatoire), troubles digestifs.
  • Phase 3 : la maladie est généralisée à l’ensemble du corps en s’accompagnant de troubles plus graves tels qu’une tachycardie sévère, des troubles cardiaques ou des insuffisances respiratoires.
  • Phase 4 : il est marqué par l’arrêt de la circulation sanguine et/ou de la respiration.

Quels sont les principaux allergènes ?

Aujourd’hui, il reste encore très difficile de définir des allergènes pouvant causer des œdèmes de Quincke. En outre, les réactions allergiques dépendent de chaque individu. Elles varient dans leur durée, leur forme et leurs symptômes. Néanmoins, certains allergènes peuvent être cités comme étant fréquemment source d’œdème.

  • Les aliments (2) : fruits à coques, crustacés, poissons, soja, lait, œufs, mollusques, moutarde, gluten, etc.
  • Les piqûres d’insectes : abeille, guêpe, moustiques, taon, etc.
  • Les médicaments : pénicilline, aspirine, etc.

Face à la multiplicité des allergènes, il est difficile de connaitre les causes réelles d’un œdème de Quincke. La prévention est ainsi difficile à mettre en place. Elle consiste à tenter d’identifier l’agent allergène afin de l’éviter. Mais bien souvent, les personnes sensibles à certains allergènes ne le découvrent que lorsqu’elles contractent une maladie ou un œdème de Quincke. Elles ne sont donc pas nécessairement préparées à de tels risques.

Les traitements de l’oedème de Quincke

Le traitement doit être administré en toute urgence, surtout si l’œdème de Quincke entraîne des troubles respiratoires. Il consiste à injecter des corticostéroïdes à action rapide, directement au cœur de l’œdème. Pour cela, des dispositifs d’auto-injection (seringues d’adrénaline notamment) existent. Si le gonflement et les troubles se poursuivent, le transfert en réanimation est inévitable. Les médecins peuvent pratiquer des intubations ou des trachéotomies. En revanche, s’il s’agit de simples gonflements, des traitements antihistaminiques peuvent suffire.

La désensibilisation est aujourd’hui le seul et unique traitement curatif s’attaquant directement aux allergènes et permettant ainsi, de manière indirecte, de limiter les risques d’œdèmes. Elle est considérée comme un vaccin par l’Organisation Mondiale de la Santé. C’est un traitement qui s’inscrit dans la durée, puisqu’il faut compter entre 3 et 5 ans pour qu’il fasse effet. Il vise à obtenir une amélioration qui soit la plus durable possible. Il existe différents moyens de désensibilisation.

  • La désensibilisation par piqûres : elle se fait par injection à l’aide d’une seringue. Bien qu’efficace, elle comporte des risques majeurs de réaction, nécessitant une surveillance continue après le traitement.
  • La désensibilisation par voie sublinguale (sous la langue) : elle est aussi efficace que les piqûres mais ne constitue pas un facteur de risque important.

En pratique, la majorité des désensibilisations se font par voie sublinguale, chez un allergologue (médecin spécialiste en allergie). Depuis janvier 2011, en France, il est possible de traiter les allergies aux pollens à l’aide de comprimés à placer sous la langue. Cette méthode est une amélioration de l’ancienne technique de désensibilisation par voie sublinguale, apportant un plus grand confort.

Toute personne présentant des symptômes allergiques peut être désensibilisée. Le traitement suppose de réaliser au préalable, un bilan allergologique complet composé d’un entretien, de tests cutanés voire dans certains cas d’examens biologiques (prise de sang). Les femmes enceintes peuvent donc aussi être désensibilisée, même si les médecins éviteront la plupart du temps de démarrer le traitement à cette période.
Le traitement des allergies doit se faire dès le jeune âge afin de pallier au plus vite à l’évolution de la maladie. Mais en réalité, il est rare qu’une désensibilisation soit prescrite avant l’âge de 5 ans.