La mucoviscidose : une maladie grave d’origine génétique

mucoviscidose

La mucoviscidose (ou fibrose kystique dans les pays anglo-saxons) est une maladie des voies respiratoires et digestives qui affecte principalement les poumons et le pancréas. Elle est caractérisée par d’importantes sécrétions visqueuses favorisant le développement rapide des bactéries et donc de la maladie. D’origine génétique, la mucoviscidose se développe dès l’enfance et constitue aujourd’hui un véritable enjeu de santé publique.

La mucoviscidose est une maladie génétique

1. La dégénérescence de la protéine CFTR

La mucoviscidose est un terme générique issu de la combinaison des mots mucus et visqueux. Le mucus est une substance naturellement visqueuse qui sert à protéger les parois internes de certains organes (muqueuses) contre les agents pathogènes et irritants. Mais chez les personnes atteintes par la mucoviscidose, le mucus est trop épais. Il ne parvient plus à être évacué et entraîne alors des difficultés respiratoires et digestives en stagnant au niveau des poumons et du pancréas.

La viscosité anormale des mucus chez le malade est expliquée par une altération de la protéine CFTR (Cystic Fibrosis Transmembrane conductance Regulator). Cette dernière a pour mission de réguler les quantités d’eau et de sel contenues dans les sécrétions. Son dysfonctionnement occasionne une diminution de la quantité d’eau et une rétention de sel. Il rend alors le mucus peu fluide et difficile à expulser.

La mucoviscidose est la maladie génétique la plus fréquente au sein des populations blanches occidentales. On parle généralement de maladie récessive dans la mesure où la transmission s’effectue d’une génération à l’autre par l’intermédiaire des deux parents. Ils sont chacun porteurs d’un gène muté, à l’origine de l’anomie protidique (de la protéine). Si environ 200 enfants naissent chaque année avec cette maladie en France, on estime que près de 2 millions de français seraient des porteurs sains du gène (1). Aujourd’hui, 6 000 patients sont recensés dans notre pays.

La protéine CFTR est produite au niveau de la paire des chromosomes 7, à partir d’un gène dont les formes de mutation sont nombreuses. En outre, il n’existe pas moins de 1 500 formes de mutations de ce gène. La forme delta F 508 est la plus fréquente. Elle représente 70 % des cas de dégénérescence (2).

2. Les voies de transmission de la mucoviscidose

Il existe trois niveaux de transmission du gène des parents à l’enfant.

  • Lorsque les deux chromosomes de la paire 7 sont touchés, l’enfant est malade.
  • Lorsqu’un seul des chromosomes porte le gène muté, l’enfant n’est pas malade. Cependant, il est porteur sain et peut transmettre la mucoviscidose à son tour.
  • Lorsqu’aucun des chromosomes n’est touché, l’enfant n’est pas malade et ne pourra jamais transmettre la maladie.

La mucoviscidose est une maladie encore peu connue des français. Pourtant, elle constitue un véritable enjeu de santé publique. Lorsque deux parents sont porteurs sains d’une forme de mutation du gène, le risque de transmission à leur enfant est élevé (environ 25%) et reste le même à chaque grossesse.

Savoir reconnaître la maladie

1. Les troubles associés à la mucoviscidose

La mucoviscidose se manifeste par des troubles respiratoires et digestifs.

  • Au niveau des voies respiratoires, le mucus est épais et ne parvient pas à s’écouler de façon optimale. La stagnation du mucus favorise la prolifération de bactéries et de champignons, à l’origine d’infections répétées.
  • Au niveau des voies digestives, le mucus bloque les canaux du pancréas qui ne peuvent plus faire circuler les substances essentielles à la digestion des aliments.

2. Le dépistage néonatal : une obligation depuis 2002

La gravité de la mucoviscidose est essentiellement due à l’atteinte des voies respiratoires. Les infections chroniques et l’aggravation progressive de la maladie engagent le pronostic vital. C’est pourquoi, même s’il existe des formes plus tardives de la maladie, celle-ci doit être dépistée le plus tôt possible.

Depuis 2002, le dépistage de la mucoviscidose est systématique lors des tests de dépistage néonatal. Il est effectué au troisième jour de vie du nourrisson, directement à la maternité. En cas de test positif, un examen plus complet sera réalisé par un pédiatre et permettra d’établir un diagnostic plus précis.

Pour les enfants nés avant 2002 et qui n’auraient pas bénéficié d’un test néonatal de mucoviscidose, l’association de certains symptômes peut être révélatrice de la maladie.

  • Des phénomènes de toux prolongée et sèche, s’accompagnant généralement de crachats
  • Des infections pulmonaires chroniques
  • Des maladies ORL fréquentes
  • Des troubles digestifs importants et douloureux.
  • Des sueurs chargées en sel
  • Des sensations de faiblesses, de fatigue voire d’épuisement.
  • Chez l’enfant, des irrégularités ou une nette cassure au niveau des courbes du poids et de la taille

Les 3 étapes du traitement de la mucoviscidose

1. Les examens préliminaires au diagnostic de mucoviscidose

Que les tests aient été réalisés dès l’enfance ou de manière plus tardive, le diagnostic de la mucoviscidose doit être confirmé. Pour cela, il existe deux examens.

  • Le test à la sueur est réalisé en cas de suspicion de mucoviscidose. Il consiste à diffuser un courant électrique de faible intensité au niveau de l’avant-bras afin d’engendrer des suées. La quantité de sel contenu dans la transpiration est ensuite analysée. Elle est exprimée en millième d’Équivalent (mEq) par litre (3).
Quantité de sel par litre d’eau  Situation médicale
Inférieure à 40 mEq La maladie n’est pas contractée
Comprise entre 40 mEq et 60 mEq Des examens génétiques complémentaires doivent être réalisés
Supérieure à 60 mEq La maladie est contactée
  • L’analyse génétique vise à confirmer le diagnostic de mucoviscidose en identifiant les mutations éventuelles du gène responsable de la maladie. Selon la forme de la mutation, la mucoviscidose sera plus ou moins grave.

2. Les traitements de la maladie

La mucoviscidose est une maladie complexe dont le bilan, le suivi et les choix de traitements font appels à plusieurs disciplines médicales et paramédicales. Ces étapes sont assurées par une équipe hospitalière spécialisée, exerçant sous la responsabilité et les ordres d’un centre de ressource et de compétence en mucoviscidose (CRCM).

Avant tout traitement, un bilan doit être réalisé afin de constater l’état d’avancée de la maladie et ses conséquences effectives sur les différents organes du malade. Cette étape est caractérisée par trois axes d’analyse.

  • Un bilan nutritionnel fondé sur un échange entre le médecin et le malade
  • Un bilan respiratoire consistant à contrôler l’état fonctionnel des voies respiratoires et permettant d’analyser les sécrétions
  • Un bilan digestif permettant de déceler une atteinte plus ou moins importante de l’ensemble du système digestif et notamment du foie.

Une fois le bilan établi, les équipes hospitalières auront le choix entre de nombreux traitements. En effet, la mucoviscidose ne se guérit pas. La prescription médicamenteuse est donc symptomatique. Elle vise à réduire les effets de la maladie tout en essayant de prévenir, d’endiguer voire d’empêcher son développement.

Le traitement des voies respiratoires

Il se fera essentiellement à l’aide de fluidifiants bronchiques et de bronchodilatateurs. Ces traitements visent respectivement à éliminer les sécrétions et augmenter le volume des bronches. Ils sont généralement associés à des antibiotiques permettant de lutter contre les infections bactériennes.
Dès que le traitement respiratoire de la mucoviscidose est défini, la kinésithérapie respiratoire est systématiquement débutée. Elle a pour objectif de rétablir les capacités des poumons. On parle souvent de réhabilitation respiratoire. Pour cela, le malade devra consulter un masseur kinésithérapeute spécialisé, qui utilisera des techniques manuelles ou des appareils spécifiques pour :

  • Désencombrer les voies respiratoires et favoriser le passage de l’air
  • Maintenir l’élasticité du thorax
  • Évacuer les sécrétions et éviter les infections.

Dans les cas les plus graves, la greffe pulmonaire peut être envisagée. Elle consiste à remplacer les deux poumons du malade, lorsque ces derniers n’ont plus la capacité d’oxygéner le sang. La greffe est soumise à des règles de diagnostic et de suivi précises et strictes.

Le traitement des voies digestives

Il repose essentiellement sur la nutrition. Les personnes atteintes par la mucoviscidose souffrent très fréquemment de dénutrition causée par un dysfonctionnement du foie qui ne parvient plus à capter les nutriments contenus dans les aliments. Le travail du diététicien est alors primordial dans l’élaboration d’un régime hypercalorique et équilibré. Il est associé à la prise de compléments vitaminiques (vitamines). Des médicaments visant à éviter l’obstruction des canaux du foie et pallier le dysfonctionnement du pancréas sont aussi prescrits.

3. Le suivi régulier de la mucoviscidose

Face aux évolutions rapides et dangereuses de la mucoviscidose, il est nécessaire d’être régulièrement suivi par des médecins spécialisés. Des examens seront alors fréquemment réalisés afin de constater de l’efficacité des traitements et du développement de la maladie. Ils permettront de réadapter les soins si les besoins s’en font ressentir.

La recherche de nouveaux traitements

En juillet 2015, des chercheurs britanniques ont publié les résultats d’une étude sur une nouvelle forme de traitement : la thérapie génétique (4). Elle consiste à faire inhaler au malade des molécules d’ADN, étant en réalité, une copie saine du gène responsable de la mucoviscidose.

L‘expérience a été réalisée auprès de 136 patients âgés de plus de 12 ans. 50 % d’entre eux ont reçu un traitement par thérapie génique. L’autre moitié a été traitée à l’aide d’une inhalation placebo.
Un an après le début des tests, les résultats semblent encourageants. Les chercheurs ont constaté une nette amélioration des fonctions respiratoires chez les patients traités par la thérapie génique par rapport à ceux traités par placebo. Chez les patients qui avaient les fonctions respiratoires les plus endommagées, les capacités respiratoires ont été améliorées jusqu’à 6.4% .